Révision par les pairs

Partie III : Troubles vestibulaires pédiatriques

Article Summary

Les enfants atteints de troubles vestibulaires répondent favorablement à une thérapie vestibulaire et de l’équilibre, adaptée à leur âge et à leurs objectifs. 

Intervention ou traitement efficace des troubles vestibulaires chez l’enfant

La perturbation de la fonction du système vestibulaire chez l’enfant se traduit par des symptômes de vertige ou d’étourdissement, d’oscillopsie ou d’instabilité du regard, et par un retard de développement ou une diminution de l’équilibre et des autres capacités motrices.1-6 Les enfants qui présentent ces symptômes ou qui ont un diagnostic connu pour perturber potentiellement la fonction du système vestibulaire devraient subir un examen de la fonction du système vestibulaire par un professionnel qui a suivi une formation spécialisée en rééducation vestibulaire, ou une évaluation diagnostique complète. En fonction des résultats de l’examen et/ou des tests diagnostiques, un traitement, tant médical que de réadaptation, doit être prescrit.4,5

Intervention Médicale

L’intervention médicale en cas d’atteinte du système vestibulaire se limite à des agents pharmacologiques ou à une intervention chirurgicale, selon le cas, et dépend du diagnostic réel ou des facteurs de causalité.

Les enfants migraineux doivent subir un examen ophtalmologique complet, suivi d’un examen neurologique si les problèmes de vision sont écartés. Le traitement vise à éliminer les facteurs déclenchants (par exemple, les problèmes oculaires, la fatigue, le stress) ainsi que les conseils et les traitements psychologiques, si nécessaire. Des traitements antalgiques simples pour atténuer la douleur (par exemple, paracétamol, anti-inflammatoires seuls ou combinés, aspirine) peuvent être justifiés. Cette seule approche thérapeutique est souvent suffisante pour diminuer la fréquence et l’intensité des crises.

Dans le cas d’une labyrinthite, le traitement consiste à obtenir un échantillon bactériologique et à administrer une antibiothérapie si nécessaire. L’objectif est d’éviter ou de minimiser les dommages du complexe cochléo-vestibulaire et d’éviter la propagation de l’infection (par exemple, mastoïdite, paralysie faciale, septicémie, méningite et diffusion septique extra-pétreuse).5,6

Le traitement du cholestéatome est chirurgical et doit être précédé et suivi d’un examen cochléo-vestibulaire complet.

Tout enfant présentant des vertiges ou une oscillopsie à la suite d’un traumatisme crânien léger ou d’une commotion cérébrale doit subir un examen vestibulaire complet et recevoir le traitement médical approprié, le cas échéant.

Une fois que la phase aiguë d’une affection est passée, et que le retard de développement ou la perturbation des capacités motrices et d’équilibre persistent, ou si les tests d’acuité visuelle dynamique sont positifs, la rééducation est justifiée et s’est avérée efficace.3,7-13

Réhabilitation

La rééducation visant à améliorer ou à soulager l’oscillopsie, les étourdissements ou le vertige et le déséquilibre s’est avérée efficace chez les adultes.10-13 La réadaptation des enfants est semblable à celle des adultes, mais modifiée en fonction de l’âge. Le traitement doit être axé sur l’adaptation, l’habituation et/ou la substitution en fonction du diagnostic et des résultats des tests.8,9,14 Le défi consiste à modifier les activités pour maintenir l’intérêt et la coopération, et pour motiver l’enfant. Toutes les activités doivent être adaptées à l’âge et amusantes. Comme pour les adultes, le traitement du VPPB est le repositionnement et ne sera pas développé ici. L’accent sera mis ici sur l’hypofonctionnement (unilatéral et bilatéral), les lésions irritatives (c’est-à-dire la fistule) et les troubles centraux.

Les mécanismes de récupération des déficiences fonctionnelles liées au vestibule (stabilité du regard et équilibre) sont l’habituation, l’adaptation, la substitution et l’apprentissage moteur. Si la perte de la fonction vestibulaire s’est produite à la naissance ou peu après, les déficiences comprendront un retard dans le développement de l’utilisation de la vision et de la somatosensation pour l’équilibre, et l’intervention doit donc viser à améliorer le développement de ces capacités, en particulier pour les enfants présentant une hypofonction bilatérale. Si l’hypofonctionnement survient après la période critique du développement de l’équilibre (environ 6 ans)15, le réentraînement et la substitution devraient être suffisants, et des améliorations rapides sont observées.

Rine et al8 ont rapporté que des enfants présentant une hypofonction vestibulaire bilatérale avaient un équilibre et un développement moteur significativement améliorés après une intervention. Les enfants ont participé à une intervention de 12 semaines axée sur la substitution et l’habituation, trois fois par semaine, à raison de 30 minutes par séance, sous la direction d’un kinésithérapeute. Le retard progressif du développement moteur a été stoppé et l’équilibre s’est amélioré.

Braswell et Rine7 ont également rapporté une amélioration des scores sur les mesures de stabilité du regard après 6 semaines d’entraînement à la stabilisation du regard adapté aux enfants, effectué 3 fois par semaine, 20 minutes par session.

D’Agostino, Melagrana et Taborelli16 ont rapporté un cas de VPPB à canal horizontal chez un enfant de 10 ans, avec une récupération “spontanée” après une hospitalisation de courte durée et des mobilisations répétées (p. ex. rouler d’un côté à l’autre) en décubitus dorsal.

Les activités d’entraînement à l’équilibre et à l’accoutumance doivent être modifiées en fonction du niveau de maturation cognitive et de l’intérêt de l’enfant, en tenant compte de la personne qui s’occupe de lui.

Contrairement aux adultes, l’enfant dépend des parents, des soignants et des thérapeutes pour exécuter le programme et s’assurer de son respect. Par conséquent, l’utilisation de jouets, de jeux et d’autres articles pour faciliter le suivi visuel, ou l’utilisation de balançoires pour permettre le mouvement pendant les activités de stabilisation visuelle, est importante pour maximiser la participation et la coopération de l’enfant.

Au lieu de lettres, qui ne sont ni motivantes ni amusantes, on peut utiliser des images de lignes, des balles mobiles ou des animaux portant des symboles ou des lettres pendant l’entraînement à la stabilisation visuelle.

Cette coopération et cet effort sont essentiels à l’efficacité du régime d’exercices.

En général, lorsque les symptômes aigus ont disparu et qu’un traitement médical approprié est administré (par exemple, une intervention chirurgicale pour réparer la fistule), les enfants sont impatients de reprendre le jeu et d’autres activités adaptées à leur âge. Il est essentiel de surveiller les progrès et de fournir un entraînement quotidien à court terme à effectuer à la maison avec les soignants (par exemple, des exercices de suivi visuel, un régime de stabilisation visuelle, des activités d’équilibre et de mouvement pour reprendre des niveaux d’activité adaptés à l’âge).9,14

Réadaptation Pour Les Troubles Centraux

Bien que les rapports sur les déficits vestibulaires d’origine du système nerveux central chez les enfants soient rares, on en trouve dans la littérature :

Les enfants ayant des difficultés d’apprentissage présentent des déficits d’organisation sensorielle et d’équilibre17, et les déficits d’équilibre sont évidents chez les enfants atteints de paralysie cérébrale, et la rééducation vestibulaire améliore effectivement les capacités motrices et visuelles chez les enfants atteints d’un déficit du système nerveux central, d’autisme et chez les prématurés de faible poids de naissance.18-22

Le traitement peut être développé soit pour faciliter l’utilisation et l’intégration de systèmes intacts mais non utilisés, soit pour faciliter les mécanismes compensatoires. Par exemple, un enfant présentant une hypertonie et un retard de développement, ainsi que des signes de problèmes de stabilité visuelle et d’équilibre, devrait participer à des programmes comprenant la facilitation et l’amélioration de la stabilisation visuelle, la tolérance aux mouvements et l’équilibrage pendant la stabilisation visuelle, et l’entraînement à l’équilibre dans des environnements variés. L’habituation, la stabilisation du regard et la thérapie de l’équilibre et de la vision peuvent également être efficaces pour améliorer les symptômes de vertiges et de problèmes d’équilibre chez les enfants ayant subi une commotion cérébrale.23

Conclusion

En résumé, les enfants souffrant de troubles vestibulaires répondent favorablement à une thérapie vestibulaire et d’équilibre, adaptée à leur âge et à leurs objectifs. Les déficits vestibulaires peuvent être de nature périphérique ou centrale, et s’ils sont périphériques, ils peuvent inclure une perturbation d’un ou des deux côtés (hypofonction vestibulaire uni- et bilatérale, respectivement). Un examen complet des signes et des symptômes est essentiel pour un diagnostic approprié, lequel est indispensable à l’identification et à la mise en œuvre d’interventions rééducatives et médicales appropriées. Les programmes de réadaptation doivent être fondés sur un diagnostic approprié, et l’évaluation et les interventions doivent être effectuées par un thérapeute qui a suivi avec succès une formation sur les compétences.

Par R.M. Rine, PT, PhD et J. Braswell Christy, PT, PhD

Traduit par des bénévoles avec l’Association des Désordres Vestibulaires (ADeV) et GDR Vertige

©2016 Vestibular Disorders Association

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